Coïncidence |feat: Lara Umphan

Coïncidence

Je laisse ma main gauche tomber sur ma cuisse, de ma main droite, j’empoigne ma chope de bières avant de la vider cul sec. Relevant la tête, puis m’essuyant les lèvres d’un coup de manche assuré, puis, sortant avec un geste vif une cigarette, je l’allume rapidement avant de tirer un bon coup dessus, je laisse la fumée s’infiltrer à l’intérieur de mes poumons avant de ma relâcher lentement, laissant des tores de fumée s’élever dans l’air viciés du bar. Je passe une main dans mes cheveux pour les replacer en arrière.

Alors que m’apprêtais à tirer de nouveaux sur ma clope, une tape résonne dans mon dos. Je me retourne, plus ennuyé qu’énerver, tandis qu’un homme baraqué comme une armoire à glace me regardait de ces prunelles amer et me cracha à moitié dessus, de ne pas fumé dans un lieu publique. Il portait un treillis militaire, sans doute dû à l’inquisition. Et alors que je regardais sa face avec insistance, je remarquai que je le connaissais, je savais qui il était, je l’avais côtoyé quelque temps durant mon séjour dans l’armée. Et alors qu’il semblait me reconnaître, je feins la surprise et me levant, le pris dans mes bras puis, celui-ci dans un anglais moyen m’invita à rejoindre sa table avec d’autre amis militaires. Ne voulant pas me faire remarquer, j’acceptai dans un français moyen.

J’étais assis avec plusieurs membres de l’inquisition, je continuais de fumer sans discontinuer, je ne buvais pas, l’alcool était mauvaise conseillère. Je prenais du temps libre ici, à Bruxelles, j’avais entendu parler d’un rapport qui faisait état d’une arme caché quelque part dans la ville. J’étais arrivé il y a deux heures. Je m’étais dit que c’était une bonne idée de venir passé un peu de temps ici. Mais, côtoyer des membres de l’Inquisition était compliqué surtout avec beaucoup d’alcool dans le sang. Pour ne pas me trahir, j’avais cessé l’alcool pour ce soir, je buvais désormais, seulement du Red Bull. Je comprenais légèrement ce qu’ils disaient, certains parlaient français, mais quelque uns parlaient aussi anglais et alors que j’essayais de faire disparaître toute trace d’accent irlandais de ma voix, je vis une silhouette entrer dans le bar. Je la connaissais, mon sang ne fit qu’un tour.

Cette personne, je l’avais déjà vu, il y a plusieurs années, lorsque j’étais encore dans l’Ira. C’était une sang-mêlé que j’avais aidé à s’échapper. Que faisait ’elle ici ? Le diable m’emporte, pourquoi ces situations ne m’arrivent qu’à moi. Je me lève précipitamment, écrase ma clope dans le cendrier, puis prétextant une sortie pour aller aux toilettes.
Je m’approche de la fille, puis, dans un français maladroit, lui demanda :

« Bonsoir, can nous talk ens… ensemble, dehors ? »

Je lui souriais, en espérant pour qu’elle me reconnaisse. Elle risquait sa vie et moi aussi. Mais, je ne pouvais pas laisser un sang mêlé se faire capturer sans rien faire. L’homme qui m’avait invité avec  eux pour parler avait été avec moi pour cette mission. Nul doute qu’il le reconnaîtra, comme moi, je l’avais reconnu… Je priais pour réussir à la sauver.  Je ne faisais pas cela par envie personnelle, mais plus pour faire défaut à l’Inquisition, pour l’affaiblir.

kyro. ldd 017